HENRI DE VALLOMBREUSE (1856-1919)
Victime de la révolution, la famille de Vallombreuse émigre à la Réunion. De retour en France avec ses parents à la fin des années 1860, Henri de Vallombreuse termine ses études. En 1881 il se fixe à Paris ; jouissant de son patrimoine, il cultive l’esthétisme. Henri de Vallombreuse suit les cours à l’académie Julian, se liant avec de nombreux artistes, dont le peintre finlandais Gallen-Kallela, le photographe Nadar et Henri de Toulouse Lautrec. Peintre lui-même tout comme ses amis Nils de Bark et William Lee, il s’adonne à cette discipline vers 1890. Puis, séduit par la poterie de grès, il délaisse la peinture et se rend en Puisaye pour rencontrer Jean Carriès. C’est Emile Gaubier, tourneur de Jean Carriès puis de Georges Hœntschel, qui aurait enseigné le métier à Henri de Vallombreuse. Dès 1900 Henri de Vallombreuse se déclare potier mais ne se dote d’aucune installation, travaillant dans l’atelier d’Albert Gaubier, patron potier au Faubourg des poteries. Résidant épisodique, il séjourne à l’Hôtel du Pré ou au Lion d’or.
Si le grès japonais constitue une première source d’inspiration, sa venue en Puisaye lui permet d’apprécier les grandes qualités plastiques de la céramique traditionnelle et l’apport des potiers locaux dans l’œuvre d’Henri de Vallombreuse ne sera pas essentiellement technique. Les pièces empreintes de naturalisme sont nombreuses, stylisées, souvent déformées. Ses courges et ses fruits reflètent une conception moins maniérée que ceux créés par des artistes contemporains non issus du groupe Carriès. Le naturalisme animalier est absent et le décor floral cher à l’art Nouveau rarissime. De remarquables pots toupie aux lignes tendues montrent l’attachement de l’artiste à des formes élémentaires, puissantes et ramassées. Des pichets et des toulons, des bouteilles d’inspiration poyaudine, un ensemble de grés proches des poteries japonaises de la cérémonie du thé viennent compléter un répertoire où les pièces sculpturales sont l’exception. Rare potier du groupe Carriès à proposer ses œuvres pendant deux décennies, Henri de Vallombreuse participe à de nombreuses manifestations nationales et internationales. Présent à la Société des Artistes français en 1903, il expose à la Société nationale des Beaux-arts de 1901 à 1904, puis irrégulièrement jusqu’en 1914. La première du Salon des Artistes Décorateurs voit le jour en 1901, Henri de Vallombreuse y est impliqué en qualité de membre du jury et artiste. Son œuvre, également proposée lors de l’Exposition universelle de Milan en 1906.
Fruit d’une entière implication et d’un inébranlable désir de perfection, forte et personnelle, l’œuvre d’Henri de Vallombreuse demeure un témoignage solide. Artiste céramiste impliqué totalement dans son époque, Il est un des rares potiers du Groupe Carriès à exposer lors des manifestations nationales et internationales depuis 1900 jusqu’en 1919, année de son décès. La Grande Guerre ralentit son activité mais ne la stoppe pas. Henri de Vallombreuse meurt soudainement à son domicile de la rue Jouffroy le 24 octobre 1919.


Texte et photos extraits du catalogue du musée du grès ancien, à Premery : La Passion du grès L'école de Carriès, de Patricia Monjaret et Marc Ducret, et de ABC n°215, musée de l'Athénéum, Helsinki.