La famille Lacheny arrive à St Amand en 1916. Les deux fils aînés Jules (né en 1897) et Pierre (né en 1898) sont embauchés en 1921
par la Société des Grès flammés et Céramiques (G F C). Ils y resteront peu de temps et travailleront par la suite à l’atelier de
céramique d’Angèle Blanquet et de Jean Langlade à la Tuilerie d’Angelier sur Dampierre. En 1927 ils décident de créer leur propre
poterie, route des Thus à St Amand. Ils y seront rapidement rejoins par leurs deux frères cadets Adrien (né en 1907) qui travaillait
auparavant chez Jean Maubrou et Emile (né en 1909) qui avait fait son apprentissage chez Langlade.
Ils produisirent durant près de cinquante ans une faïence à décor flammé appelé aussi majolique. Leur production préalablement
biscuitée était cuite à 980° dans un four moufle chauffé au bois. Les modèles étaient nombreux : Vases, services à café, à thé, à
liqueur, à fumeur, coupes, bonbonnières, pots à cactées etc…
Conjointement ils fabriquèrent quelques sujets animaliers créés par Thomas Cartier.
Au sein de l’entreprise, les quatre frères s’organisèrent en se répartissant les rôles tout en restant polyvalents ; une petite équipe
d’ouvriers ou d’ouvrières venait compléter la mise en œuvre. Pierre qui était en nom s’occupait de la partie administrative et des
clients ; Jules concevait les modèles et fabriquait les moules en plâtre pour l’estampage ou le coulage ainsi que la formulation des
émaux ; Adrien s’occupait principalement de l’émaillage et de l’enfournement ; Emile préparait et composait les différentes terres,
il estampait également les grandes coupes pour jardins japonais.
A partir de 1949, leurs enfants furent intégrés à l’entreprise et suivirent une formation locale ; Pierre, Jacques, Raymond, Claude,
Albert, et Jean Pierre y travaillèrent durant des périodes diverses entre 1950 et 1960 ; à cette époque l’atelier compta jusqu’à
onze personnes.
Pierre et Jacques furent les seuls à rester dans la profession. Pierre fit des études d’ingénieur aux Arts et Métiers, et termina
sa carrière en tant que directeur des faïenceries de Longchamp. Jacques Lacheny, quant à lui, reprit l’atelier familial en 1968 et tout en
continuant la fabrication de la faïence flammée avec son père et ses oncles jusqu’en 1974, il mit en route une production originale
et personnelle de grès.
Texte B. Nesly, d'après les témoignages de Pierre, Jacques et Raymond Lacheny et extraits tirés du n° 4 des cahiers du grès de Puisaye de Marcel Poulet : La grande aventure des grès flammés 1900-1950
en Puisaye et ailleurs ; Photo collection particulière. Toute représentation ou reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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