Sculpteur animalier par excellence, Thomas Cartier tient durant les trente-cinq premières années du XXème siècle une place de premier choix parmi les artistes de son temps. Elève de Georges Gardet, il exerça à ses débuts à « La Ruche », haut lieu de l’art. Il participa à de nombreuses expositions parisiennes : Salon des artistes français, Arts Décoratifs… (1904 ; 1907 ; 1908 Mention honorable ; 1922 Médaille d’or pour une louve baptisée « l’Alerte » ; 1927 Médaille d’or ; 1931) Exposition coloniale ; sa fille Francine y participa également.
Il réalisa de nombreux modèles qui furent tirés en des matériaux très divers ; notamment en bronze, plâtre, grès, terre cuite, mais aussi en porcelaine dure. Le célèbre céramiste porcelainier limougeaud Camille Tharaud en tira des exemplaires de toute beauté. Dans le livre de Jean Ferrer qui lui est consacré, il est fait mention de quelques créations toutes datées vers 1935 : Lionne couchée, lion en colère, une lionne et ses lionceaux (avec la collaboration de sa fille Francine), tigre blessé, chien sloughi, chat dressé…
Il existe également une facette peu connue de l’artiste ; il fut un illustrateur engagé durant la première guerre ; l’illustration de nombreuses cartes postales de propagande anti-allemande lui sont reconnues.
Une carte commerciale non datée, atteste de son association avec un certain G. Bottin dont on n’a peu de renseignements. Dans la continuité de son œuvre, sa fille Francine, son élève sans aucun doute, réalisa également des sculptures d’animaux. Elle travailla dans le même esprit que son père mais peut -être d’une manière plus stylisée, offrant moins de détail et de vigueur d’exécution.
Tout de suite après la grande guerre, en 1918, il rejoint St-Amand-en-Puisaye (quelques grès datés confirment ce fait). Il s’installe alors dans l’ancienne poterie Pichard appartenant à Clément Maubrou, située Fg des Poteries juste au-dessus de l’actuelle Maison de la Mémoire Potière. Il découvre là un matériau à sa convenance puisqu’il y réalisa des sculptures en grès, dont une superbe lionne et un portrait de Clémenceau. Il ne restera en ce lieu que peu de temps, peut-être jusqu’en 1920 date à laquelle Lucien Arnaud prit sa place. En 1935 il honore avec brio une commande des frères Lacheny. En effet, divers modèles en plâtre furent exécutés, tous d’une facture très expressive et originale : Chiens, chat, lions, lionnes… Il réalisa aussi le portrait de Me Paley ; notaire à St-Verain et membre de la Société des Amis de la Cité Féodale de ce village. Thomas Cartier se plia même à la traditionnelle tâche du tournage de poteries de grès et réalisa quelques vases signés d’un style assez fruste mais non dénué d’un certain charme.
Il consacre également durant cette période d’après-guerre une partie de son temps et de ses talents à la conception de monuments aux morts. Parmi ceux-ci quelques-uns destinés aux villages alentours, St-Amand bien sûr, Ciez, Perroy, St-Verain, mais aussi dans les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et de la Vienne. Nous connaissons, de même, celui de Bône en Algérie.
Les rares grès, plâtres et sculptures présents dans les collections locales sont les seuls témoins du passage de Thomas Cartier à St-Amand. Ses œuvres attestent de son savoir-faire et de son talent, elles contribueront à leur manière à la renommée et au prestige de ce village poyaudin.