C’est à Limoges, cité de la porcelaine, dont il est originaire que Jean Langlade a dû vraisemblablement apprendre les bases du métier. Afin de compléter ses connaissances céramiques, Il aurait par trois fois fait son « tour de France » (propos recueillis par le Dr Paul Mallet). Il fut aussi préparateur à l’école Bernard Palissy à Paris.
Armé d’une solide formation technique il rejoignit Paris, et s’installa comme céramiste à Charenton 107 rue de Paris, avec pour raison sociale : « Manufacture de grès d’art de Charenton – Spécialité de grès grand feu, articles pour mouleurs, faïences et porcelaines, édition en tous genres ». Il figure d’ailleurs sur les listes d’imposition de 1914 comme : « mouleur, marchand de bustes et figurines de terres ».
Il y séjourna de nombreuses années car ce n’est que vers l’âge de quarante ans, accompagné de sa seconde épouse Angèle Blanquet qu’il s’établit dans la Nièvre. En effet, il se maria en premières noces avec Adrienne Dumergue. Il est permis de supposer que Lucien Arnaud ait demandé à Jean Langlade de le rejoindre en Puisaye afin de diriger la section « fantaisie » de la société GFC. Les ateliers, situés d’abord en haut du Fg des Poteries, furent ensuite déplacés à La Forge (actuelle poterie Mallet). Entreprise dont le directeur était à l’époque Pierre Dupuis. Après une courte collaboration avec Lucien Arnaud à St-Amand, de 1920 à 1922 environ, il rejoignit le petit hameau de La Tuilerie situé sur la commune de Dampierre-sous-Bouhy. Il avait contracté la tuberculose et souhaitait trouver dans ce nouveau lieu un havre de paix. Ce petit atelier mis au nom de sa femme sera baptisé « A. Blanquet, grès et faïence d’art ». Equipé sommairement, il disposait d’un four moufle cuisant au bois dans la grange, d’un tour dans l’écurie et d’un emplacement réservé à la préparation de la terre sous le toit à cochon ! Mais on ne sait s’il fabriquait réellement du grès à La Tuilerie. D’après quelques témoignages locaux, ce serait plutôt de la « majolique » mais il est vrai que l’on trouve aussi pas mal de pièces en grès porcelainique signées de son nom dans la région ! D’où proviendraient-elles ?
Deux voisins, Pierre et Adrien Lacheny (celui-ci rejoindra en 1924 l’atelier de Jean Maubrou) chargés de l’émaillage et de l’enfournement travaillèrent quelques temps dans cet atelier avant leur installation à leur compte route des Thus. Un tourneur M. Chevau et un manœuvre M. Chevalier complétaient le personnel de cet atelier. Les Langlade firent appel aussi à des sculpteurs pour la création de modèles : Berthe Girardet « Aïeule » et « L’Angoisse » ; Millet de Marcilly « Chien » ; Eugène Marioton « Premier frisson » ; José Cardona « Terrassier » …
A cette époque, Louis Cagnat patron à la Poterie de La Bâtisse à Moutiers dans l’Yonne, issu d’une longue lignée de potiers, avait une production de grès traditionnel. Le commerce de cette fabrication étant en déclin, il cherchait à se diversifier. C’est vers 1925 qu’il entre en contact avec le couple Langlade avec qui il sympathise rapidement et se met à commercialiser leurs créations. Une solide entente s’en suivit ; mais la maladie toujours présente devait emporter J. Langlade en 1928. Suite à son décès, son épouse quitte Dampierre et rejoint la poterie de Moutiers. En effet, Louis Cagnat fidèle en amitié avait promis à son ami, dans cette éventualité, d’accueillir Angèle au sein de son atelier.
Tout le matériel de La Tuilerie fut récupéré (four moufle, émaux, moules etc.…) et elle put ainsi continuer à exercer ses activités de céramiste. Mme Langlade, aidée de Mme Cagnat, mit en route une production de terre cuite émaillée basse température ; elle poursuivra la fabrication avec les modèles de son mari et en créera de nouveaux ; certains types se retrouveront avec la signature L. Cagnat.
Jusqu’en 1936, année de sa mort, son savoir-faire et son adaptation au goût de l’époque furent un tremplin pour la renommée et la diffusion de cette céramique dite « flammée » durant près de trente ans.