ALBERT VALLET (1923 - 2015)
Né le 18 avril 1923 à Londres. D'ascendance bourbonnaise par sa mère, et auvergnate par son père, professeur de Français.
Il fit des études secondaires à Nice, puis à l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de cette même ville.
En août 1947, venu demander au peintre Albert Gleizes, à St-Rémy-de-Provence, un élargissement de ses notions en composition, Albert Vallet ne se doute pas de l’orientation qu’allait prendre sa route.
Après un mois passé dans les arcanes de la translation et de la rotation, l’auteur de « La signification humaine du Cubisme » l’incita fortement à assimiler une technique artisanale pour donner plus de densité à ses rêves, l’envoyant au Centre d’apprentissage de Fond-Carrade, installé dans une ancienne faïencerie du XVIIIéme siècle, à Montpellier. Si on pouvait prendre contact avec l’argile et s’initier aux premiers gestes du métier, on cuisait à l’électricité. Mode de transmutation ne répondant pas aux aspirations profondes d’ Albert Vallet.

Deux ans plus tard, apprenant que l’on cuisait encore aux fagots en Puisaye, il abandonna Paris pour cette région de forêts et d’étangs où il allait se fixer sur la région d’Arquian, proche de St-Amand-en-Puisaye.
Il construisit en 1954 son premier four, face à la colline de Montriveau où, son illustre prédécesseur Jean Carriès construisit le sien. Si Jean Carriès déclara venir en Puisaye « pour la terre à pot », on peut dire sans se tromper qu’Albert Vallet y vint « pour la cuisson au bois »

De 1950 à 1954, il s’intégra aux équipes de cuiseurs alimentant les « four chinois » encore en activité et fit son apprentissage de potier de plein feu dans un milieu humain et artisanal maintenant aboli. Ses peines, ses fatigues lui pesèrent peu en balance des joies sensorielles que lui donna le bois mordu par les flammes. Concerts de sons et de parfums , spectacle éblouissant du feu se clarifiant au cours de sa montée thermique, aboutissant à la transmutation d’une boue en corps dur et sonore, hâlé comme celui d’un travailleur des champs au soleil d’été.
Fidèle au bois, il demeura également au grès cendré mêlé de sel de la poterie fermière locale, tel qu’il apprit à l’enfourner, la cuire et à l’aimer pour sa franche simplicité.

Au temps de ce rude apprentissage, dans un cadre rural qui n’avait guère changé depuis la construction de ces « four chinois », et encore par la suite, Albert Vallet se ménageait des séjours à Paris où, grâce à l’amitié de Sonia Delaunay, il était en contact avec ce que cette plaque tournante cosmopolite présentait de plus effervescent sur le plan artistique. Participant aux manifestations, aux expositions, ou il figure des novateurs comme Gilioli, César, Pevsner, Vasarely, etc., gardant de la sorte un pied dans le passé, portant l’autre vers le futur, ayant de façon concertée opté dès ce moment pour une écriture d’apparence géométrique.
Ne voyant aucune contradiction entre l’astreinte à recueillir d’une part l’esprit, d’autre part la technique archaïque, Albert Vallet a su reconnaître leurs convergences, les unir dans des œuvres monumentales. Préparé en cela par son passage dans des bureaux d’étude d’architectes ou d’ingénieur, mais mieux encore par sa vision architecturale de la nature. Les grandes lignes structurelles d’un paysage ou d’un visage l’intéressant plus que l’aspect pittoresque d’un détail amusant. Gardant en lui présent, le souvenir du tournage, Albert Vallet rapporte à ses œuvres architecturales les notions essentielles d’axe et de centre au cœur de la mobilité.

L’artiste décrit plusieurs périodes dans sa création : La période euclidienne : absolument géométrique. Toutes ses créations sont dessinées, calculées.
La période chamanique où la création, sans réflexion, devient une véritable transposition plastique de l'écriture automatique d'André Breton.
La période cosmique est une harmonie des deux précédentes. C’est l’expression du mouvement intérieur de l’artiste en opposition à la volonté de copier la nature.
Au regard de son œuvre, lentement développée, selon la logique de croissance, toute organique, des arbres qui entourent son atelier, on peut dire, que partant de la boule d’argile du potier sur son tour, avec une singulière cohérence Albert Vallet… « a su faire sortir la terre du pot ».
Depuis, il se consacre à une adaptation architecturale du grès, cuit au bois, en pleine flamme, à travers une esthétique non-figurative visant une expression universelle.
Il termine sa carrière par la réalisation d’œuvres monumentales situées devant les établissements scolaires de la Nièvre. Albert Vallet est décédé le 18 mai 2015.


Texte extrait "La céramique architecturale " d’Albert Vallet édition Dessain et tolra, et du bulletin municipal de St Amand, Avril 2003 ; Photo : coll. particulière ; "Une aventure culturelle en Puisaye " d’Albert Vallet édition GEDA et "La céramique architecturale " ; toute représentation ou reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.