Parisien de naissance, il conçoit rapidement un attachement spontané
et profond pour la Puisaye. Il fit ses études au lycée J-Decour puis aux Beaux-arts
dans l’atelier Brianchon où ses talents de coloriste et de peintre font merveille et
sont récompensés à plusieurs reprises.
Cette préférence, qui deviendra bientôt exclusive, n’est en fait q’une fidélité à la
lignée familiale qui, d’une génération à l’autre, a compté dans ses membres de nombreux
représentants du monde artistique.
Il consacra plusieurs années à peindre multipliant les séjours à Saint Amand où depuis
longtemps il désirait s’établir. Une conjoncture heureuse lui permit d’acquérir, à quelque
distance du bourg, un ancien hameau de deux fermes, isolé sur la hauteur et jouissant d’une
vue exceptionnelle sur cette portion de Puisaye. Ce retour aux sources fit naturellement naître
en lui le désir, déjà latent, de faire de la poterie. Il n’y en avait jamais eu encore aux Moreaux,
mais sous son impulsion, une ancienne, vaste et belle grange fut bientôt transformée en atelier.
Charles Gaudry avait déjà appris à tourner chez André Normand et il profita des leçons d’Ivan Billebault
pour perfectionner sa technique et pouvoir ainsi assumer à lui seul une fabrication importante,
comme réaliser les modèles originaux qu’il avait dessinés. Equipé de deux tours et d’un four à
propane, son atelier commença à produire au début de l’année 1968. Auprès de ses œuvres figurent
également celles de Sibylle Gaudry.
Ses grès atteignirent un niveau de qualité consacré par le succès qui amena leur présentation
au 38e salon des ateliers d’art, à Paris.
Utilisant la terre de Saint-Amand et des émaux de composition originale mis au point après de
nombreuses recherches. Charles Gaudry fit à l’époque figure de novateur à St Amand en créant,
à partir des formes du grès traditionnel, des pièces de vaisselle aux lignes élégantes plus
modernes mais toujours très fonctionnelles, simplement décorées d’un émail brun ou gris satiné
qui laissait apparaître les taches noires des pyrites d’une terre brute.
Le grès décoratif est, lui aussi, extrêment varié dans sa forme, son habillage et même sa matière. Certaines
pièces, en effet, sont chamottées.
Enfin, Charles Gaudry, parallèlement à sa production, met aussi son dynamisme et son dévouement au service du passé en
étant l’instigateur d’expositions :
hommage à Jean Carriès en 1967 et, « 400 ans de poterie en Puisaye » en 1969.
Affaibli, il cède son atelier des Moreaux à son personnel (Michel Dumont et Antonio Perreira) pour ne s’occuper que du magasin de St Amand, investissant
dans la poterie toute sa sensibilité d’artiste, Charles Gaudry s’est peu à peu retranché dans une vie de bohême et
de solitude jusqu’à sa mort en janvier 1980.
Texte B. Nesly d'après le Journal du centre 29 Mars 1980, ainsi que l'Yonne républicaine août 1969.
Photos : Journal du centre 29 Mars 1980, Exposition Hommage à C. GAUDRY St Amand janvier 2005, Coll. particulière.
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