Originaire de St Amand, Eugène Lion fait partie de ces familles dont les membres sont indissociablement liés à la poterie. De ce fait, c'est tout naturellement qu'il intégrera l'atelier familial tenu par son père Amand, atelier situé au lieu-dit « La Forge » en sortie de village.
En 1888, lorsque le sculpteur parisien CARRIES viendra s'initier aux pratiques céramiques, Eugène n'a que 21 ans et son père Amand 50 ans. Tous deux lui ouvriront largement la porte de leur atelier. Mais c'est surtout Eugène qui comprit rapidement l'opportunité de s'ouvrir sur de nouveaux horizons ; en cette fin de siècle, le monde, la clientèle, était à la recherche d'une nouvelle esthétique.
En effet, avant l'arrivée de CARRIES à St Amand, aucun atelier n'avait imaginé produire des pièces décoratives émaillées. Bien sûr, de superbes grès émaillés au laitier sortiront des fours des artisans locaux, mais ces réalisations resteront sans aucune intention péjorative du domaine de la tradition.
Très tôt, donc, notre jeune Eugène s'imprégnera de cet élan novateur initié par le maître CARRIES. Influence qui perdurera chez les suiveurs jusqu'à « la grande guerre 1914-1918 ». Cette transmission est attestée par de nombreux écrits notamment de Jeanneney mais aussi avec l’Abbé Pacton, et William Lee par l’apposition de doubles signatures au dos de grès.
Eugène Lion, d’une imagination créative, d’une grande maîtrise de son art, produisit beaucoup ; principalement des pièces décoratives ; vases de toutes formes et tailles, généralement tournées, émaillées, quelque fois déformées ou striées. Sa palette de couleur : des bruns, noirs, ocres et bleu turquoise ; repris par la suite par nombre de suiveurs. Une particularité, la mise au point d’un émail rouge de cuivre dans les années vingt, lui conféra une notoriété déjà bien établie.
Il exposa souvent au salon du Groupe d’Emulation Artistique du Nivernais à Nevers (de 1922 à 1938), mais vendait aussi à son atelier.
D’un tempérament accueillant, altruiste, donnant volontiers de son temps à la transmission, il reçut de nombreux stagiaires et autres amateurs en quête d’artisanat authentique ; notamment pour la plus célèbre, Jeanne Boutet de Monvel juste avant la dernière guerre ; c’est elle, future Mme Pierlot qui fonda dans les années 50 avec son mari la Poterie de Ratilly.
L’atelier LION sera repris par son fils Pierre et sa fille Thérèse en 1945 à la mort d’Eugène ; un autre récit commencera alors !
Texte B. NESLY - 2022. Photos extraits du catalogue du musée du grès ancien,
à Premery : La Passion du grès L'école de Carriès de Patricia Monjaret et Marc Ducret ; coll. particulière ;
et fasicule, "Ratilly au Musée des Art Décoratifs" 1976
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