Fils d’un sabotier de St-Amand-en-Puisaye, André NAULT aurait aimé être mécanicien, mais lorsqu’il quitte l’école en 1944 il n’y a
pas beaucoup de débouchés dans ce domaine. Il entre alors à la Poterie des Mottes , chez Fernand Normand, où l’absence de tourneurs l’amène
à effectuer un apprentissage très rapide. Il deviendra un excellent tourneur pour tous les types de pièces, du pichet ¼ de litre au saloir
de 100 litres, mais préfère se spécialiser dans les saloirs de grande capacité, mieux payés.
Il y restera jusqu’en 1965, date à laquelle il ouvrira un atelier sur un terrain contigu à la maison familiale de la Griotterie à St-Amand.
Il construisit lui-même son premier four à flamme renversée de 9 m3, avec des briques de récupération et chauffé avec le charbon de
la mine de La Machine (Nièvre). Son apprentissage de tourneur ne l’avait pas familiarisé avec les problèmes de cuisson qui lui valurent
quelques désagréments ; en effet, il n’obtint des résultats satisfaisants qu’à sa 4ème cuisson, sacrifiant de longues heures de travail.
André Nault conduisait sa cuisson en deux temps : tout d’abord, il faisait un petit feu, puis il continuait au charbon pour obtenir,
au bout d’une quarantaine d’heures, des températures de 1200° à 1350°C, selon la place dans le four.
A cette époque, André Nault travaille seul et produit de la poterie utilitaire et de la poterie de jardin avec de la terre prise sur place
dans le même terrain. Il a la chance de pouvoir écouler presque toute sa production auprès d’un marchand de vaisselle de Tamnay-en-Bazois.
Il utilise ensuite de l’argile de St-Palais, dans le Cher, ainsi que de la terre lavée de l’entreprise Mallet lui permettant de réaliser
des pièces plus fines. Le commerce de terre non lié à une fabrique s’étant développé à St-Amand à partir de 1969, l’argile est alors achetée
à la carrière Jacques Quiéffin des Perchers.
En 1972, les locaux sont agrandis et un second four de 10 m3 est construit, là encore, avec des briques de récupération. Puis un
four à gaz de 600 L est acheté d’occasion. Les fours à charbon sont peu à peu transformés (fermeture du la Mine de La Machine en 1974)
pour un chauffage au fuel puis au propane. L’atelier occupe alors 4 personnes.
En 1979, l’entreprise devient une SARL de type familial géré par André Nault jusqu’en 1989, date à laquelle il prend une
retraite bien méritée. Cinq personnes travaillent alors à la production plus la gérante, Michelle Nesly, fille aînée d’André NAULT,
qui assure la gestion administrative et commerciale.
Les postes de production se répartissent ainsi :
- Un tourneur permanent,
- Un calibreur,
- Un émailleur-enfourneur,
- Deux personnes polyvalentes en tournage, finitions, ansage, émaillage, enfournement… tâches assurées par Martine Renault, seconde
fille de M. Nault, et Bernard Nesly, son gendre.
Une évolution de la production s’opère peu à peu en fonction de la demande de la clientèle. Au début, les poteries étaient cuites « au sel »,
ensuite sont apparus les émaux dans les tons de brun. A partir de la fin des années 80, des émaux de couleurs plus vives, en particulier
des émaux bleus, verts, flammés, ont été développés et ont rencontré un vif succès.
Parallèlement, le catalogue de l’entreprise s’est étoffé au fil des années et toute une gamme d’articles pour la cuisine, la décoration,
le jardin… est apparue. On a compté jusqu’à 150 modèles différents déclinés en plusieurs tailles.
Pour suivre l’évolution des technologies, dès 1996, un site internet sur la Poterie Nault a été créé puis actualisé régulièrement par
les petits-fils d’André Nault. Deux trophées ont même été remis à l’entreprise par la Chambre des Métiers de la Nièvre, puis l’année
suivante par la Chambre des Métiers Régionale de Bourgogne, en récompense de ce travail.
Près de 70 % des ventes sont réalisées auprès des professionnels, la vente directe « détail » représentant le reste, et ce,
jusqu’en 2003. A partir de là, plusieurs clients « revendeurs » prennent leur retraite, cessent leur activité, d’autres encore
voient une baisse de leur chiffre d’affaires et, par conséquence, commandent moins. Et l’entreprise n’arrive pas à conquérir de nouveaux marchés.
Dans le même temps, la Poterie Nault multiplie les actions publicitaires et commerciales pour dynamiser la vente au détail : visites
des ateliers avec démonstrations, organisation de Portes Ouvertes, vente directe par le site internet…
Malgré tous ces efforts, même si la vente au détail se développe, elle ne peut compenser la perte des clients « revendeurs ». Malgré
deux licenciements en 2005, la conjoncture économique contraint l’entreprise à cesser son activité en septembre 2007.
Texte M. Nesly, Nault ; photos coll. particulière, toute reproduction est interdite sans autorisation de l'auteur.
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