Natif du Portugal du village d'Oliveira près de Barcelos dans la région du Minho, Francisco est issu d'une très ancienne famille de Potiers. Des générations avant lui ont façonné l'argile locale ; une terre cuite cuisant aux alentours de 1100°. Transmis de père en fils, les ateliers produisaient essentiellement de la poterie populaire utilisée pour la cuisson des aliments et la conservation des liquides.
Très tôt, Francisco commence à travailler dans l'atelier familial ; dès l'âge de 7 ans, en fin d'après midi, à peine sorti de l'école, il n'était pas rare que son père le fasse monter sur le tour ! Ses frères suivront le même chemin ; à l'époque cet apprentissage précoce était chose habituelle. Il participait également à la préparation de la terre et aux cuissons au bois.
Après une courte interruption comme maçon-paveur dans une grande propriété voisine, il revient au sein de l'atelier familial jusqu'à son appel sous les drapeaux. C'était l'époque où le Portugal était en guerre au Mozambique. Plus de deux ans en Afrique marqueront le jeune potier sa vie durant.
Nous sommes en 1972 , à cette époque l'activité potière amandinoise est au zénith ; Roger jacques est à la recherche de personnel qualifié ; ne le trouvant pas sur place, il prospectera dans cette région du Portugal où les bons tourneurs ne sont pas rares. Le hasard voulut que se soit Francisco qui fut choisi ; sa régularité dans le travail de grosses pièces fit le reste. Un contrat signé et voilà notre jeune portugais de 24 ans (via Hendaye, Bordeaux et Moulins) débarquant à St Amand. Ne connaissant ni le français ni les habitudes locales, les débuts furent difficiles ; l'idée de revenir au pays le tenta plus d'une fois. Et puis tout doucement, par l'intermédiaire entre autre du club de foot, Francis s'intégrera à la communauté amandinoise et s'habituera à son nouveau mode de vie. Un an et demi plus tard, il quitte Roger jacques et rejoint l'atelier de jean Cacheleux où il y restera environ deux ans. Son savoir-faire, la finesse de son travail, l'aisance dans les gros volumes et la régularité dans les séries lui valurent une certaine notoriété au sein de la profession.
Entré en 1976 chez André Nault, il y restera jusqu'à la fermeture de cette entreprise survenue en 2007. De cette situation inattendue, Francis en saisit l'opportunité pour installer son propre atelier. Un désir longtemps repoussé devenait réalité ! Après un court passage comme tourneur au Château de Ratilly il s'établit route de Dampierre dans les anciennes écuries de son habitation. Un petit four à gaz de ¾ de m 3, un tour, deux salles d'expo fort bien aménagées et une bonne dose d'énergie et de volonté concoureront à la réussite du projet de ce jeune retraité de 65 ans. En 2015 un deuxième four alimenté au bois est mis en route dans son jardin, ce four actuellement en phase de mise au point est d'un avenir très prometteur.
Sa production de grès utilitaire et décorative est diverse et soignée ; bien qu'influencée par le travail quotidien exercé durant de nombreuses années chez les potiers de St Amand , elle est d'une facture bien reconnaissable et personnelle. Sans a priori, curieux de nouvelles textures, Francisco expérimente émaux mats et brillants, superpositions, alternant émail et tesson brut . Il y a aussi le travail de Robert Héraud et d'Annie Maume chez lesquels il travailla durant environ 6 mois qui laissa une forte empreinte à ses futures créations. Ces deux céramistes de Sancerre avec qui il noua une solide amitié sont devenus comme un repère indéfectible.
Potier hors pair, on retiendra de Francisco son aisance, sa rapidité d'exécution et sa capacité de résistance au travail dès lors qu'il sera derrière une girelle. Des journées de 400 tasses ou de 120 vinaigriers ont été son quotidien durant de nombreuses années. Aimant particulièrement les défis, il n'hésitait pas à la requête d'un touriste à réaliser une grosse potiche de 15 ou 20 kg ! lui procurant invariablement plaisir et satisfaction. A maintenant près de 70 ans, Francisco a toujours cette ardeur, cet enthousiasme pour son métier. Du Portugal à St Amand, un long parcours de passion ne cesse de se prolonger.
Texte Bernard NESLY, 2017. Toute représentation ou reproduction interdite sans autorisation.