Né en 1924 en Belgique, dans la province du Brabant, Antoine de Vinck s’adonna dès son plus jeune âge à des activités manuelles et créatrices.
A la fin des années quarante, ses travaux artistiques étaient presque exclusivement consacrés à l’art chrétien : calligraphie, sculpture sur bois et sur ivoire, linogravure… Progressivement, il délaissa ces techniques au profit du travail de l’argile. Autodidacte, il construisit son premier four à bois vers 1950, mais rapidement décida de suivre des cours à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et d’Arts Décoratifs de la Cambre auprès de Pierre Caille et d’Oscar Jespers.
Dès cette époque, divers échanges en France, à La Borne et à Ratilly avec Jeanne et Norbert Pierlot notamment, ont noué une collaboration qui allait être décisive par rapport à son établissement en Puisaye par la suite.
Dès 1954, il installa son premier atelier non loin de Bruxelles où il construisit son deuxième four. Là, il acquit rapidement une maîtrise du matériau céramique et mit en route une collection de pièces utilitaires ainsi que ses premières séries de Chefs, Totems, Trophées et animaux…
Bien qu'accordant dès ses débuts une grande place à la sculpture, il a toujours accordé une grande attention à la conception et à la réalisation de pièces tournées et utilitaires, dont les formes sont très construites et soignées. Il a fait profession de designer pendant une dizaine d'années (années 60), s'intéressant à d'autres matériaux comme le bois, le métal, le plastique.
Grand observateur, curieux de tout, il a rencontré Bernard Leach en Cornouailles et a entrepris par la suite de nombreux voyages à travers l’Europe, ainsi qu’en Egypte. Durant ces pérégrinations, il approfondit ses connaissances de la nature et de l’art ancien et traditionnel, connaissances qui ont joué un grand rôle dans son œuvre, devenant une source inépuisable d’inspiration.
Sa vocation religieuse chrétienne initiale et le fait de s’intéresser aux pratiques spiritualistes tel que le chamanisme ou le druidisme ont eu également une forte influence sur son travail sculptural. A partir des années 70, cette attention très forte au sacré se reflète dans le choix des titres de ses pièces : Bétyles, Stèles, Miroirs d’âmes, Temples, Cippes, Trophées ; modèles emblématiques. Cette attention s’exprime également dans le sens qu’il a voulu donner à ses sculptures, qu’il préfèrait désigner comme des « objets signifiants ». Chacune de ses œuvres est née de la synthèse d’archétypes dont la mémoire et l’imaginaire d’Antoine de Vinck étaient peuplées.
Fidèle dès ses débuts au grès, il s’essaya, en compagnie de son épouse Alice, à la porcelaine (des bijoux et des petites pièces émaillées) ainsi qu’à la cuisson raku, principalement pour des bols.
Il accordait une place prépondérante au dessin (croquis d’observation et esquisses préparatoires). L’œuvre présente dans l’esprit du créateur était « travaillée » au préalable sur le papier puis retranscrite dans l’argile. La spontanéité ne trouvait sa place que dans les effets d’émaux ou par le côté aléatoire de la cuisson au feu de bois. Pour les pièces plus monumentales, une cuisson au four électrique produisait un aspect volontairement plus sobre et dépouillé.
Il a participé à de nombreuses expositions, naturellement en Belgique mais aussi à Paris, New York, Johannesburg, Varsovie, Ankara, Vienne, Londres, ou en Allemagne à Hannovre, Münich,… Il devint membre de l’Académie Internationale de Céramique en 1977. Le Musée Royal de Mariemont (Belgique) lui consacra une importante exposition rétrospective en 1986 ; une deuxième rétrospective eut lieu au Musée du Grès de St Amand-en-Puisaye en 2007.
Installé définitivement en 1984 en Puisaye, à Treigny, il s’investit dans l’APCP (Association des Potiers créateurs de Puisaye) et participa activement aux expositions locales organisées par l’association.
A l’image du personnage, son œuvre, secrète et multiple, témoigne d’une grande diversité de techniques : Une maîtrise des émaux, un sens aigu du « décor ». Antoine de Vinck deviendra un virtuose dans le façonnage de ses pièces ; l’estampage, le moulage ou le travail au colombin n’auront plus aucun secret pour lui.
Ses créations, empreintes d’une force d’âme hors du commun, resteront parmi les plus représentatives de l’art céramique de la seconde moitié du XXème siècle.
Texte B. Nesly d'après le témoignage et la rédaction d'Aude de Vinck. Sauf mentions contraires, photos ©Antoine de Vinck. Toute représentation ou reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.